Centre normes, sciences et techniques (NST)

Les travaux des chercheurs du centre normes, sciences et techniques sont à la croisée du droit, des sciences et des techniques. Ils visent à une meilleure compréhension des enjeux contemporains dans ce domaine et à l'élaboration de réponses normatives adaptées. 
Ils se caractérisent par une approche interdisciplinaire et une dimension internationale marquée.
Les membres de ce centre, qui sont juristes, philosophes ou encore anthropologues, s'intéressent à un large éventail de thématiques, allant des enjeux liés à la bioéthique et à la protection de l’environnement jusqu'aux questions soulevées par les nanomatériaux ou la gouvernance numérique.    
Ces recherches, bien que variées quant à leur objet, convergent vers un objectif commun : mettre en perspective la régulation des changements sociétaux induits par les avancées scientifiques, technologiques et environnementales. Elles mettent aussi en lumière la nécessité d’une collaboration étroite entre disciplines pour élaborer des cadres normatifs adaptés à un monde en perpétuelle transformation.

Les recherches conduites au sein du centre NST s’intéressent notamment aux mutations profondes induites par le numérique et l’automatisation. Elles examinent les transformations des sciences et des techniques sous l’influence des données massives (big data), de l’intelligence artificielle (IA) et des outils numériques. Ces évolutions redéfinissent les paradigmes traditionnels. L’évolution des modes de gouvernance sous l’effet des données et des technologies numériques est, elle aussi, une question centrale. Ces travaux montrent comment les institutions, bien que plus réactives, deviennent plus complexes et génèrent de nouvelles asymétries d’information. Dans le domaine marchand par exemple, les assurances comportementales, les moteurs de recommandation, la publicité dynamique, ou les enquêtes de satisfaction, sont présentés comme des outils de personnalisation, mais ils créent de nouvelles sources d'avantages pour les acteurs ayant un accès privilégié aux données. Par ailleurs, dans de très nombreux domaines d'activité, des visions radicales de refonte des institutions par la technologie sont proposées, comme par exemple en médecine.

Parmi les recherches menées au sein de ce centre, certaines se concentrent aussi sur les données de santé, leur encadrement juridique à l'épreuve des espoirs qui sont mis dans le traitement, notamment via l'IA, et les risques attachés à la facilitation de leur circulation et accessibilité. 
L'encadrement de la génétique est également au cœur des travaux de ce centre : les recherches portent sur des questions telles que la circulation des données génétiques ou encore le dépistage et diagnostic prénatal ou préimplantatoire.    
La procréation médicalement assistée et sa réglementation sont aussi au cœur des recherches menées au sein du centre NST.

D’autres recherches portent sur les nanomatériaux et les défis normatifs que posent ceux-ci. Ces matériaux innovants, tout en offrant des opportunités considérables dans divers secteurs, soulèvent des questions cruciales quant à leur impact sur la santé humaine et l’environnement. Il s’agit donc d’examiner les cadres juridiques actuels et de proposer des améliorations pour garantir une meilleure protection.

Les travaux de plusieurs chercheurs du centre NST se concentrent sur la crise environnementale. Le droit des pesticides, des OGM, et des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) sont étudiés.
Les conséquences normatives du changement climatique, de la perte de la biodiversité ou encore de la dégradation de l’eau font, quant à elles, l’objet de recherches approfondies. Parmi les problématiques étudiées, l’accent est mis, par exemple, sur les risques liés aux changements climatiques et à ses conséquences juridiques (risques contentieux). De plus, alors que la crise climatique impose une diminution de l’emploi d’énergies fossiles, le recours au nucléaire s’est imposé dans de très nombreux pays comme un élément moteur pour parvenir à la neutralité carbone : les mutations qui marquent ce domaine font aussi l’objet de travaux.
Dans un contexte d’Anthropocène, la question des limites planétaires est également examinée, de même que la nécessité de reconnaître de nouveaux droits subjectifs, qu’il s’agisse de droits de la nature ou d’un droit de l’Homme international à un environnement.     
Il s’agit aussi de rechercher, d’un point de vue anthropologique, comment d’autres sociétés, informées par d’autres ontologies, répondent, elles-mêmes aux crises environnementales.

Sur un plan plus théorique, enfin, les recherches menées au sein de ce centre s’intéressent à la fabrication du droit en tant que système d’analyse permettant de qualifier et d’organiser des relations complexes entre des réalités factuelles et conceptuelles. La littératie du système juridique (comment appréhender la réalité technoscientifique à travers ses mots), la pré-normalisation comme méthode de juridicisation du réel, et l’expertise normative internationale sont au cœur de plusieurs recherches en cours.