Axe genre

Loin de promouvoir une prétendue « théorie du genre », les études de genre visent à poser une question : celle de l’interaction entre dynamiques sociales, culturelles, normatives et rôles sociaux de sexe. L’axe genre réunit des chercheuses et des chercheurs de disciplines différentes pour aborder, dans une perspective pluridisciplinaire, les dimensions juridique, philosophique, sociale, économique et culturelle du genre. Les travaux qui y sont développés interrogent la persistance des inégalités femmes-hommes, les facteurs de ces inégalités, leurs manifestations et les leviers qui permettent de les réduire ou de les abolir. Ils analysent aussi les formes et les modalités de l’institutionnalisation de la bi-catégorisation de sexe qui organise les sociétés occidentales modernes et ses conséquences pour les minorités sexuelles et de genre. Enfin, ils étudient les différentes conceptualités que les sciences humaines et sociales et la philosophie ont forgées pour comprendre et analyser les dynamiques de genre dans une perspective transformatrice.

Différents enjeux de recherche structurent le travail de l’axe genre, qu’ils soient juridiques et institutionnels, philosophiques mais aussi économiques et sociaux ou culturels.

• Enjeux juridiques et institutionnels
  Le droit est-il un levier de transformation sociale ou, à l’inverse, un facteur de conservation d’un ordre genré ? L’un des principaux enjeux consiste ici à analyser comment les textes juridiques et les institutions peuvent contribuer à une égalité effective ou, à l’inverse, constituer des freins à cette dernière, en matière notamment d’égalité professionnelle et salariale, de parité et de lutte contre les violences faites aux femmes.
• Enjeux philosophiques
  L’analyse critique des inégalités de genre et de leurs fondements a introduit des questions nouvelles en philosophie politique. Un premier enjeu concerne la question de savoir comment redéfinir la société juste d’un point de vue féministe. Cette question engage une critique des concepts classiques d’égalité et de liberté et des traditions de pensée dans le cadre desquelles ils ont été élaborés (libéralisme, républicanisme, socialisme), qui ont le plus souvent ignoré les inégalités de genre ou les ont naturalisées via le recours à la distinction entre les sphères privée et publique. Mais elle engage aussi la reformulation de ces concepts à partir des pensées et savoirs féministes pluriels qui ont émergé à partir du XIX^e siècle. Il s’agit ici de savoir comment repenser la liberté et l’égalité en partant de l’idée que les femmes sont des citoyennes égales ; quel rôle donner aux institutions que sont le droit ou l’école dans la promotion de cette égalité ; ou encore comment réorganiser le travail productif et reproductif ou de care afin que les besoins des citoyens soient pris en compte sans induire de nouvelles inégalités. Un second enjeu concerne la compréhension et la conceptualisation des dynamiques d’oppression et d’émancipation dont les sociétés contemporaines restent le lieu, malgré les avancées juridiques obtenues depuis les années 1970. En dialogue avec les pensées critiques, les pensées féministes ont en effet forgé des outils conceptuels et analytiques nombreux pour identifier les formes ordinaires de l’oppression et comprendre les pratiques de résistance mises en œuvre par les agents sociaux. Il s’agit ici de savoir comment (par quels concepts, méthodes…) appréhender le fonctionnement de l’oppression et les pratiques sociales par le biais desquelles elle se reproduit ; comment comprendre l’imbrication des différentes formes d’oppression dont les femmes et les minorités sexuelles et de genre sont l’objet et les types d’injustices qu’elles engendrent. Il s’agit également d’identifier les valeurs et les horizons normatifs dont se réclament les mouvements citoyens qui luttent contre ces injustices, et d’interroger les voies de leur institutionnalisation dans des politiques publiques ou de nouveaux imaginaires politiques.
• Enjeux économiques et sociaux
  À travers l’analyse des interactions entre structures économiques et sociales et inégalités de genre, il s’agit de mettre en lumière les dynamiques d’inégalités – précarité et pauvreté des femmes, plafond de verre et ségrégation horizontale dans le monde du travail, clivages de genre dans l’économie informelle, impact des politiques de congé parental et de garde d’enfants sur l’égalité professionnelle.
• Enjeux culturels 
  L’influence des représentations sociales et culturelles genrés constitue un autre champ d’étude, qu’il s’agisse d’explorer l’influence des stéréotypes de genre dans les médias, la publicité et l’éducation (éducation à la vie sexuelle et affective) ou à l’inverse, l’impact des mouvements féministes et des mobilisations sociales (#MeToo, procès de Mazan), à des échelles nationales (France et Royaume-Uni notamment) et internationales (notamment à celle de l’Union européenne), mais aussi dans leurs circulations et leurs transformations transnationales.