Projet Sorb’Rising HUMOUR (2024-2026)

Projet

L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dans le cadre du programme Sorb’Rising soutenu par le quatrième programme d’investissements d’avenir (France 2030), conduit une recherche pluridisciplinaire sur l’humour.

Dans quelle mesure l’humour doit-il répondre à certaines normes pour être caractérisé en tant qu’humour, et quelle est sa valeur pratique, esthétique, morale, sociale ? Que faire de l’ambiguïté du rire, puissance d’émancipation et, peut-être, de stigmatisation ?
La recherche sur l’humour rencontre nécessairement la question des normes, d’abord sous l’aspect des normes internes, des critères qui permettent de reconnaître qu’on a affaire ou non à de l’humour. La question des normes externes est aussi importante : normes sociales, normes prudentielles, morales, esthétiques, politiques, juridiques, qui sont au principe de l’appréciation de ce qui se présente comme de l’humour.
Une bonne compréhension devrait pleinement intégrer la discussion des normes externes et de l’évaluation de l’humour.
Une première question est celle des fondements des réticences à l’égard de l’humour : se réduisent-elles à des réticences à l’égard de la liberté d’expression ? Ne peuvent-elles avoir aussi une source dans l’ambiguïté d’une attitude affective qui hésite entre indulgence et punitivité, et qui peut aussi avoir un caractère objectivant ? Une seconde question est celle des liens entre humour et stigmatisation ou discrimination, et des frontières entre plaisanterie et injure.

Normes et valeur de l’humour : le regard de la philosophie des émotions

Cette recherche doctorale, conduite par Matthias Blondel sous la direction de Laurent Jaffro (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Fabrice Teroni (université de Genève) a pour objet ce que représente l’humour et ce qu’il signifie. Elle explore sa nature en interrogeant ses normes et valeurs. La caractérisation d’un énoncé comme humoristique renvoie à la question des critères de l’humour. Dans quelle mesure est-il possible de les définir ? Quelles sont les normes épistémiques de l’humour ? La question des normes présente aussi un autre aspect : celui de ses normes pratiques, morales ou prudentielles. Dans quel cadre est-il approprié ou inapproprié de faire de l’humour ou de s’en amuser ? Ces questions appellent à leur tour celle de la valeur de l’humour : en quel sens peut-il constituer un bien ou un mal ? La méthode adoptée est empruntée principalement à la philosophie des émotions et à la philosophie morale. 

La conflictualité juridique de l'humour

Ce projet post-doctoral mené par Ronan Bretel (docteur en droit privé) avec le soutien de Sorb'rising s'attache en premier lieu à identifier et décrire l'investissement juridique de l'humour, tant relativement à son champ lexical qu'à ses formes. Sont ensuite examinées les limites à la liberté d'expression humoristique, qui le rendent fautif, pénalement et civilement.

Pour ce faire, cette recherche embrasse une multiplicité de points de vue (fait juridique, exception aux droits de propriété intellectuelle, liberté publique, fait justificatif, etc.) et trois groupes d'acteurs : l'humoriste (statut/responsabilités) et ses adjuvants (producteurs et diffuseurs), les rieurs, et les moqués. Cette entreprise considère la fois l'humour professionnel et les expressions riantes ordinaires.

Ce travail s'appuie sur un inventaire bibliographique et jurisprudentiel d'ampleur dans le dessein de constituer une base de données de référence sur le sujet. Un tel outil permettra de mieux saisir la place de l'humour dans les prétoires et la doctrine, mais également de constituer et animer un réseau de chercheurs et chercheuses en la matière.

Équipe

  • Membres de l'ISJPS :
    • Laurent Jaffro (coordinateur, philosophie morale)
    • Magali Bessone (philosophie politique)
    • Matthias Blondel (doctorant, philosophie)
    • Xavier Dupré de Boulois (droit public)
    • Ronan Bretel (postdoctorant)
  • Membres d’autres équipes de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne :
    • Alya Aglan (UMR SIRICE, histoire contemporaine)
    • Christophe Génin (ACTE, esthétique et philosophie de l’art)
    • Agnès Lontrade (ACTE, esthétique et philosophie de l’art)
    • Joseph Moure (ACTE, esthétique et philosophie de l’art).
  • Membres d’équipes extérieures :
    • Samuel Lépine (université de Clermont-Auvergne, philosophie des émotions)
    • Stéphane Lemaire (CAPHI, université de Rennes, philosophie des émotions)
    • Fabrice Teroni (université de Genève, philosophie des émotions)
    • Yen-Mai Tran-Gervat (CERC, littérature générale et comparée, études sur l’humour)

Contact : laurent.jaffro@pantheonsorbonne.fr