La recherche juridique face à l’interdisciplinarité: des juristes indisciplinés ou trop disciplinés ?
Présentation
Le "tournant empirique dans la recherche juridique internationale" (Shaffer et Ginsburg, 2012) souligne l’importance de mobiliser des méthodes de recherche interdisciplinaires en partant du terrain afin de théoriser les rapports entre changements sociétaux, relations de pouvoir, normativité et raisonnements juridiques. Contrairement aux approches dites formalistes ou critiques, l’enjeu de cette démarche est d’examiner à la fois le pouvoir interne du droit et les variables et interactions socio-juridiques externes contribuant à la formation du droit et à son effectivité sociale.
À partir des années 1960 aux États-Unis, le mouvement "droit et société" (Law and Society) visait à montrer que la doctrine et les acteurs juridiques étaient tout à la fois socialement constitutifs et socialement constitués, en théorisant les connexions nécessaires entre le contenu doctrinal, la pratique jurisprudentielle et l'impact social du droit. Les acteurs juridiques étaient au centre de cette analyse, qui s'appuyait sur des méthodes sociologiques pour recueillir des données empiriques (Scheingold, 1964). Cette méthode a été transposée au niveau international à partir des années 1990 afin d'étudier le rôle social et le développement des tribunaux supranationaux et internationaux (Alter, 2009). Alors qu'aux États-Unis le mouvement "droit et société" est interdisciplinaire et dominé par les juristes, en France il est resté essentiellement étudié et développé par des sociologues du droit. Pourtant, les financements français et européens encouragent les collaborations interdisciplinaires, et notamment avec des juristes.
La conférence réunira des chercheurs qui traversent les frontières disciplinaires pour favoriser des recherches pluridisciplinaire/interdisciplinaire/transdisciplinaires afin de discuter de ces projets, de leurs défis et des nouveaux horizons pour les jeunes chercheurs.
Programme
- Que faut-il entendre par interdisciplinarité, transdisciplinarité et pluridisciplinarité ?
Yannick Ganne, maître de conférences en droit public, CURAPP, Université d’Amiens
Victoria Vanneau, ingénieure de recherche au CNRS, responsable scientifique et de programme, GIP IERDJ
- Comment les juristes sont-ils perçus par les autres disciplines ?
Liora Israël, directrice d'études de l'EHESS, membre du Centre Maurice Halbwachs (UMR 8097, CNRS/EHESS/ENS)
Antoine Vauchez, directeur de recherche au CNRS en sociologie politique et en droit, Centre européen de sociologie et de science politique, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Quels sont les principaux défis auxquels les juristes doivent faire face lorsqu'ils participent à de telles recherches ?
Marie-Angèle Hermitte, directeur de recherche honoraire au CNRS et à l’EHESS
Denis Salas, magistrat, président de l’association française pour l’histoire de la Justice et Sharon Weill, maîtresse de conférence en droit international à l’Université américaine de Paris, enseignante à SciencesPo Paris
Isabelle Sayn, Centre Max Weber (CMW, UMR 5283, CNRS, Université de Lyon), directrice adjointe scientifique du GIP IERDJ
Informations pratiques
- Sur place
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, centre Lourcine
1 rue de la Glacière, 75013 Paris
Bât. 1, 2e étage, salle 13
- En visioconférence sur Zoom :
https://zoom.univ-paris1.fr/j/96797815666?pwd=bXZYeWNMWjRHTGJIdDFTb3lSb25LQT09
ID de réunion : 967 9781 5666 / Code secret : 329648
La 4e rencontre annuelle du centre de droit comparé et internationalisation du droit est organisée sous la responsabilité scientifique d'Isabelle Fouchard, Kathia Martin-Chenut et Sharon Weill