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Corentin Fohelen et Jerome von Zilw - Le Philosophe, Epectase
Séminaire

Habitabilité de la Terre et transitions justes. La question climatique

Cycles de séminaires organisés par Nastassja Martin, titulaire de la chaire de professeur junior Habitabilité de la Terre et transitions justes.

Thème 2024 : la question climatique

Des chercheurs de différents horizons théoriques seront invités à partager leurs travaux et réflexions dans le cadre du séminaire pluridisciplinaire "Habitabilité de la Terre et transitions justes". Ce cycle de séminaires se déroulera sur toute la durée de la chaire, à raison de quatre séances par an. Trois grands thèmes seront abordés dans les trois ans à venir : la question climatique, la transition énergétique et les réponses alternatives aux crises systémiques.

Le concept d'habitabilité de la Terre est aujourd'hui intimement lié à la question climatique. Pourtant, nombre d’épreuves actuelles des collectifs autochtones se singularisent par leur tendance à résister aux récits du changement climatique tels qu’ils sont produits depuis les centres des puissances occidentales. Les manières dont les collectifs autochtones appréhendent les flux des éléments qui composent les changements climatiques vécus sont au cœur d’une anthropologie qui souhaite continuer de prendre ses interlocuteurs au sérieux : ce faisant, elle remet au centre de son investigation le processus réflexif inhérent à sa discipline, lui intimant aussi de regarder depuis l’extérieur les récits modernes qu’entraînent les productions scientifiques sur le climat. Ce dernier, comme la « nature », est un concept historiquement situé, instrumentalisé depuis la fin des années 80 pour organiser une gouvernance globale principalement basée sur les sciences de la terre. Pourtant, force est de constater que les questions relatives au contrôle environnemental et à la sécurité, au centre des politiques de ces gouvernances, implosent littéralement.  L’objectif de cette année consistera en la mise en dialogue de chercheurs qui, depuis leurs disciplines, questionnent les concepts d'habitabilité et de climat en les réhistoricisant et/ou en les repolitisant.

Programme 2024

7 juin, 14h-18h

Mike Hulme et Wolfgang Cramer

21 juin, 14h-18h

Jérôme Gaillardet et Charles Stépanoff

Séances précédentes

23 février, 14h-18h

Baptiste Morizot et Sébastien Dutreuil, L'habitabilité en question

L’ "habitabilité" gagne progressivement du terrain comme mot clef pour désigner les enjeux liés à la crise environnementale. Comme d’autres termes avant lui – changement global, anthropocène, etc. – il a une fonction large de plateforme, permettant de rassembler sous sa bannière un ensemble de réflexions diverses, tout en imprimant une direction particulière sur la manière de sélectionner les problèmes et de les formuler. D’où vient ce terme ? À quels faisceaux de problèmes scientifiques et politiques renvoie-t-il ? Si l’"anthropocène" avait tous les défauts du monde pour poser le problème depuis les sciences humaines et sociales, quels sont les avantages, les effets philosophiques et politiques et les impasses de ce nouveau label ?

Une discussion croisée entre Baptiste Morizot, philosophe, et Sébastien Dutreuil, historien et philosophe des sciences de la Terre, visera à apporter des éclairages sur ce concept. Il semble, davantage que celui d’"anthropocène", taillé pour les sciences humaines et sociales ; pourtant, Sébastien Dutreuil montrera que les sciences de la Terre et de l’environnement des dernières décennies ont eu un rôle prépondérant pour imprimer un sens particulier à ce concept. En déplaçant la focale sur les "effets d’habitabilité" qu’ont les êtres vivants, Baptiste Morizot prolongera les réflexions sur les lacunes, au sein des sciences de la vie et de la Terre, des concepts existants pour penser les effets des êtres vivants sur leurs milieux et envisagera les implications sur la manière de cohabiter avec les vivants.

22 et 23 mars

Amy Dahan et Geremia Cometti, Le problème climatique, entre approches globales – sciences de l'effet de serre, géopolitique, économie mondiale – et approches locales – anthropologie de la nature

Vendredi 22 mars, 14h-18h, centre Lourcine

Amy DAHAN
Le défi climatique : une construction globale, délibérément hors sol ?

Depuis deux décennies, les travaux d’Amy Dahan ont surtout porté sur les relations entre sciences et politique dans la question climatique, et sur le processus de construction et de gouvernance internationale de ce problème. En collaboration avec Stefan Aykut, ils ont exploré longuement les illusions – dont on n'a pas fini de se défaire – qui ont présidé au régime climatique et conduit à ce qu’ils ont désigné par “schisme de réalité”, c'est-à-dire un hiatus croissant entre la réalité du monde et la sphère de la gouvernance. Au moment de l'Accord de Paris, ils ont souligné la nécessité impérative de changer d'échelles, de re-territorialiser et de re-matérialiser le problème.

Depuis quelques années, tant la prise de conscience accrue du risque climatique (dégradation accélérée du climat, canicules, phénomènes extrêmes), que les fracturations géopolitiques nouvelles, ou d'autres connaissances venues d'horizons différents (théorie de l'Anthropocène, anthropologie de la Nature, étude de la zone critique et de Gaia, histoire des sciences et techniques...) ont contribué à confirmer les défaillances graves de cette construction. La question se pose : en sommes-nous arrivés à un schisme de la décarbonation ? Nous ouvrirons ce débat

Geremia COMETTI – Le défi climatique vu par les peuples autochtones : les cas des Q'eros (Andes péruviennes) et des Yagán (Terre de Feu chilienne)

Geremia Cometti est professeur des universités et vice-doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université de Strasbourg et chercheur au LinCS (Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles/Lab for interdisciplinary cultural studies, UMR 7367, CNRS-Université de Strasbourg). Ses travaux s’intéressent aux conséquences du changement climatique, de l’industrie extractive, de l’agriculture et de l’élevage intensifs, sur les sociétés humaines.
Sa présentation se focalisera notamment sur le cas des Q'eros des Andes péruviennes et des Yagan de la Terre de Feu chilienne et sur leur manière singulière de faire face au réchauffement climatique en montrant la nécessité de prendre en compte à travers une approche ethnographique les récits locaux face à ce phénomène pour mieux saisir les enjeux et les conséquences.

Samedi 23 mars, 17h-20h, séance hors les murs

Présentation de chaque intervenant suivie d’une discussion avec le public.

Le Lieu Dit - 6, rue Sorbier 75020 Paris

Informations pratiques

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, centre Lourcine

1 rue de la Glacière, 75013 Paris

Bâtiment 1 Suzanne Bastid, 2e étage, salle 13

Inscription obligatoire pour la séance du 7 juin :