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Séminaire

Rencontres autour de l'investissement à impact

Séminaire organisé par la chaire Éthique et finance : Christian Walter (chercheur associé à l'ISJPS), Emmanuel Picavet (ISJPS, centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne), Sandra Bernard Colinet

Née il y a plus de 10 ans aux États-Unis, la notion d’investissement à impact recouvre tout investissement qui recherche explicitement à la fois une rentabilité économique et la création d’un impact social et environnemental positif et mesurable. Dans la mise à jour établie en 2019 de la définition adoptée en 2014 par le comité consultatif français sur l’investissement à impact, l’investissement à impact est défini comme un investissement qui vise explicitement et de manière intentionnelle un retour social et/ou environnemental positif ainsi qu’une performance financière supérieure ou égale à zéro, et dont l’impact est mesurable par un processus continu d’évaluation. L’intentionnalité des investisseurs / financeurs se manifeste au niveau des choix d’investissements / financements mais également dans l’accompagnement des organisations à impact. La mesure de l’impact social et/ou environnemental repose sur la mise en place d’objectifs prioritaires dont le suivi permet d’accompagner les organisations à faire progresser leur impact.

En février 2020, le Haut-commissariat à l’économie sociale et solidaire, faisant le constat d’un essor global de l’investissement à impact et des besoins en financement avait confié à l’association iiLab (Impact Invest Lab), plateforme d’expérimentation et de développement de l’investissement à impact et spécialiste dans les contrats à impact social, une mission de préfiguration d’un centre français de l’investissement à impact, pour permettre une reconnaissance officielle de l’investissement à impact, clarifier ses critères d’éligibilité, et explorer les pistes concrètes qui permettraient de développer l’écosystème et de mobiliser la place financière de Paris autour de cette nouvelle approche de l’investissement. La mission a été confiée à Sandra Bernard Colinet, qui a constitué un groupe de travail de 75 membres, qui ont rendu leurs premières conclusions en juillet 2020. Ce rapport a été remis officiellement le 9 septembre 2020 à la secrétaire d’État à l’économie sociale, solidaire et responsable Olivia Grégoire. Certains points ont été approfondis dans un deuxième rapport.

Ces rencontres mensuelles seront conçues dans le prolongement de ces rapports et auront pour objectif de poursuivre certaines pistes indiquées dans le rapport et de creuser des problématiques favorisant une transformation de la théorie financière dans un sens écologique et durable.

 

Programme

  • Jeudi 23 juin | 17h-19h | Forum de la Bibliothèque de la FMSH

Les chiffres ne sont pas les nombres, par Valérie Charolles (Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain, CNRS & EHESS)

Les chiffres sont devenus une manière dominante de rendre compte de ce qui se produit et, à l’heure de ce qui est appelé le big data, leur maniement en grand nombre occupe une part décisive dans le fonctionnement de la finance, plus largement de l’économie, mais aussi de la vie sociale et politique. Dans cette intervention, je reviendrai sur un débat ancien concernant la différence à effectuer entre ce qui ressort d’une mesure et les nombres (Descartes, Russell) et je montrerai que les entités qui sont manipulées dans les sphères financières, économiques et politiques reposent sur des mesures. Il ne s’agit pas tant de faire ressortir les aléas liés à ces mesures que l’appareil conceptuel de normes nécessaire à leur obtention.

Sur la base de mon dernier livre, Se libérer de la domination des chiffres, je mettrai en perspective cet appareil conceptuel en comptabilité nationale, en comptabilité privée et pour la réalisation des opérations financières et managériales. Dans le cadre de ma thématique de recherche générale (la constitution du sujet et du monde contemporains à travers l’économie, la quantification et la technique), j’avancerai pour finir des raisons de considérer qu’à la question des liens entre les mots et les choses (Foucault, Quine), il convient d’ajouter celle des relations entre les faits et les chiffres.

Séances précédentes

  • Jeudi 9 juin 2022

Peut-on critiquer ou défendre le capitalisme de manière non-normative ?, par Sina Badiei

  • Jeudi 31 mars 2022

Le monde de l'impact investing vu depuis Twitter, par Eve Chiapello (directrice d’étude, EHESS) et Camille Roth (chargé de recherche, CNRS)

  • Jeudi 17 février 2022

Climat et finance : l'importance des masses de données pour la composition de portefeuilles adaptés aux enjeux climatiques par Melissa Perez (Head of Sales Carbon4 Finance) et Nolwenn Kazoum (Head of Relationship Management Carbon4 Finance)

  • Jeudi 20 janvier 2022

Investissement et bien commun par Sylvain Piron (EHESS)

  • Jeudi 14 octobre 2021

Les certificats d’impact donnés par les banques centrales par Thomas Lagoarde-Segot (professeur, Kedge Business School)

  • Jeudi 24 juin 2021

Évaluation et mesure de l’impact social par Anne-Laure Hernandez (association Improve)

  • Jeudi 27 mai 2021

L’approche impact chez les économistes par Mathilde Lemoine (Groupe Edmond de Rothschild)

  • Jeudi 8 avril 2021

La monétarisation et la valorisation des impacts par Julie de Bruix (Citizing consulting)

  • Jeudi 4 mars 2021

Appropriation des ODD par les acteurs économiques par Henri Fraisse (association Fidarec)

Contacts

Christian.Walter@msh-paris.fr

Emmanuel.Picavet@univ-paris1.fr

sabina.tortorella@msh-paris.fr