Contrat de recherche postdoctoral « La production et la circulation des données de santé : institutions, infrastructures, savoirs »
L’Institut Santé Numérique en Société (ISNS) du Paris Santé Campus annonce l’ouverture d’un contrat postdoctoral à temps plein, de 2 ans (prolongation 1 an possible). Date limite de candidature : 2 septembre 2024.
Informations générales
Employeur : École Normale Supérieure, Institut Santé numérique en société
Statut : doctorant
Contrat temporaire à plein temps
Date limite de candidature : 2 septembre 2024
Prise de poste : 1er novembre 2024
Description du poste
L’Institut Santé Numérique en Société (ISNS) du Paris Santé Campus annonce l’ouverture d’un contrat postdoctoral à temps plein, de 2 ans (prolongation 1 an possible). La personne retenue sera recrutée par l’École normale supérieure, afin de participer au programme de recherche Santé Numérique en Société (SaNSo) qui bénéficie d’un financement par l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) au titre des Programmes et Équipements Prioritaires de Recherche (PEPR) de France 2030.
Le ou la chercheur⋅e postdoctoral⋅e doit être titulaire d'un doctorat en sociologie, en anthropologie, en science politique ou en histoire et avoir une expérience confirmée de recherche sur les thèmes liés au projet (numérique, santé).
Contexte de la recherche
Le numérique s’impose aujourd’hui de manière fondamentale dans les pratiques de soin, au travers d’une série d’innovations extrêmement diverses, qui vont du séquençage du génome à la téléconsultation individuelle, en passant par la construction de plateformes de données et de dossiers médicaux partagés, le recours à l’intelligence artificielle et la coordination des systèmes de biosurveillance. Tous les métiers du soin s’en trouvent bouleversés et avec eux une grande partie des sciences biomédicales. Le numérique en santé n’est pas l’apanage des informaticiens et des professionnels de santé qui, ensemble, développent des systèmes numériques permettant d’optimiser l’offre et les pratiques de soin. Ses effets sont politiques, en ce qu’il affecte à la fois les interactions entre humains et les institutions sociales et politiques au sein desquelles ils agissent : des normes professionnelles, juridiques et éthiques régissant les pratiques de soin, jusqu’aux rapports internationaux interétatiques. Tant la souveraineté nationale que le contrôle sur l’usage de ses propres données de santé se trouvent ainsi menacés par le rôle des multinationales dans leur production, stockage et traitement. Les effets économiques sur les mécanismes de financement des systèmes de santé et le domaine des assurances apparaissent déjà.
L’objectif du projet de l’Institut Santé Numérique en Société, dans lequel viendra s’inscrire le ou la postdoctorante, est de mobiliser les savoirs des sciences humaines et sociales (économiques, sociologiques, anthropologiques, philosophiques, juridiques…) dans le cadre d’une enquête multi-scalaire visant à analyser ces transformations sociales et politiques majeures. Notre recherche s’organise autour de quatre axes de réflexion principaux :
- Data et quantification : production de connaissances, infrastructure des données, construction et usages de la quantification dans la production de connaissance.
- Professions : travail, emploi, nouveaux métiers du numérique en santé, biostatisticiens, nouveaux statuts professionnels.
- Politique : souveraineté, globalisation, défense du droit des usagers. Structures des systèmes de santé publique nationaux dans un monde numérique globalisé ; démocratie sanitaire ; approche « One Health » et gouvernement des zoonoses.
- Valeur : innovation, valorisation, marchés, entreprises, service public.
Résumé du poste
Objet de la recherche
La personne recrutée viendra renforcer la dynamique de recherche collective de l’axe 1 : « data et quantification ».
La santé numérique est rendue possible par la « datafication » massive des patients individuels et d’autres réalités liées au soin. Ces données sont très différentes en nature (des données des capteurs portables au séquençage génomique, des bases de données administratives comme le SNIIRAM aux enquêtes épidémiologiques massives comme Epicov, etc.) ; au regard des réglementations auxquelles elles sont soumises (concernant le consentement, la protection, l'anonymisation) ; en ce qui concerne le niveau de quantification qu’elles ont atteint (enquêtes épidémiologiques quantitatives, textes) ; etc. L’axe « data et quantifications » interroge les conditions sociales, juridiques et économiques de production et de circulation des données et des mesures en santé. Il questionne notamment les enjeux d’articulation des données dans des infrastructures afin d’être comparées, associées, croisées, et de permettre ainsi la production de connaissances.
Il s’agira, dans ce post-doctorat, d’étudier le travail de production et de circulation de données de santé. Ce travail soulève certes des problèmes techniques, mais aussi et inséparablement juridiques, sociaux et économiques importants. Il embarque avec lui un ensemble de normes et de jugements de valeur qui pèsent sur nos manières de connaitre la santé. D’où viennent les données, qui les fabrique, dans quelles conditions, et pour quoi faire ? Comment sont-elles articulées à des infrastructures de connaissance ? Quelles sont et d’où viennent les règles éthiques qui les encadrent ? Quelles sont les qualités souhaitables à la fois pour les données constituantes et les infrastructures produites lorsqu’on assemble des données de santé ? Qu’est-ce que ce travail change quant aux connaissances produites sur la santé.
Suivre le travail de celles et ceux qui produisent et font circuler les données impliquera de mener une enquête à l’appui de méthodes essentiellement qualitatives (ie: entretiens approfondis, observations ethnographiques, archives) sur des cas de production de données de santé. Les acteurs et actrices clefs pourront typiquement comprendre des professionnel⋅les de santé et du numérique, des entreprises engagées dans le développement d’innovations numériques en santé, des associations d’usager⋅es, des équipes de recherche sur la santé, ou des membres des autorités sanitaires. L’enquête pourra notamment porter sur des cas de ré-usage des données de santé : utilisation et rassemblement des données des grandes cohortes épidémiologiques, enjeux liés aux entrepôts de données hospitaliers, usage et appariement de données du SNDS, modèles algorithmiques publics ou privés appuyés sur des bases de données de santé. L’enquête pourra interroger les effets du ré-usage sur les modalités d’organisation et de production des savoirs sur la santé.
Responsabilités
Partie scientifique : prendre connaissance de la littérature portant sur le domaine ; planifier et conduire une recherche empirique et en présenter les résultats ; soumettre des publications à des revues.
Participation au Collectif : participer à l’animation des activités collectives de l’Institut Santé Numérique en Société (organisation du séminaire, de journées d’étude, édition de la lettre de l’ISNS, mise à jour et création de contenus du site web…) et de l’axe data et quantification. Ces tâches peuvent aller jusqu’à 1/3 du temps de travail.
Le travail de la personne recrutée sera principalement supervisé par Emmanuel Didier (sociologue et directeur de l’ISNS) en lien avec les membres de l’axe 2 Professions.
Environnement de travail
Lieu de travail
Le ou la post-doctorant.e sera membre de l’Institut Santé Numérique en Société qui est un des quatre instituts de recherche membres de PariSanté Campus https://parisantecampus.fr/institut-sante-numerique-en-societe-isns-faire-dialoguer-sciences-humaines-et-sante-numerique/
La personne recrutée sera basée sur le PariSanté Campus (2-10 Rue d’Oradour-sur-Glane, 75015 Paris) et, secondairement, au CMH (Campus Jourdan). La recherche impliquera également un travail de terrain sur différents sites à déterminer.
Le CMH
Le CMH (Centre Maurice Halbwachs) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire en sciences sociales qui s’intéresse aux recompositions des rapports sociaux au sens large : ceux-ci sont analysés, de façon dynamique, non pas uniquement sous l’angle de la stratification, mais aussi sous l’angle des perceptions et de leurs évolutions, en s’appuyant une solide capacité d’innovation méthodologique combinant à la fois des exploitations longitudinales de bases de données de grande échelle et des dispositifs qualitatifs ou ethnographiques, déployés à l’échelon national tout comme en comparaisons internationales. Le CMH est structuré autour différents axes de recherche (inégalités et solidarité, travail, sciences sociales du politique et du droit, imbrication des rapports sociaux), dont l’axe DOCSA (Données, Conduites, SAvoirs), qui étudie les processus de construction des savoirs et des dispositifs d’enquêtes, ainsi que leurs conséquences en termes de gouvernement des conduites. Plusieurs de ses membres travaillent plus particulièrement sur la production des données numériques, la quantification ou les statistiques dans une perspective socio-historique. La personne recrutée sera intégrée à cet axe de recherche.
Qualifications
- doctorat en sociologie, en anthropologie, en science politique ou en histoire ;
- expérience confirmée dans le domaine des sciences sociales de la santé et/ou des sciences ;
- d'excellentes aptitudes à la rédaction et à la présentation de documents académiques ;
- solide expérience du travail de terrain, de la conduite d'entretiens semi-directifs ou non-directifs et/ou de l'observation ethnographique ;
- maîtrise du français comme langue de travail principale pour mener le travail sur le terrain ;
- maîtrise de l’anglais (éventuellement d’une autre langue étrangère) comme langue de publication ;
- capacité à travailler de manière indépendante, au sein d'une équipe pluridisciplinaire ;
Exigences spécifiques
Souhaité :
- avoir une expérience de l’ethnographie des mondes du soin ou de la santé
- avoir une formation pluridisciplinaire et/ou une expérience avérée dans la recherche pluridisciplinaire
Salaire
Rémunération en fonction de la grille indiciaire et de l’expérience (3000 à 3300 bruts mensuel).
Par ailleurs, 5000 € sont alloués pour frais de mission et achat de matériels.
Prise de fonction : 1er novembre 2024
Candidatures
Par courriel : emmanuel.didier@ens.fr
Dossier attendu pour le lundi 2 septembre 2024 minuit au plus tard.
Les dossiers de candidature doivent comprendre :
- les coordonnées de contact, y compris le numéro de téléphone ;
- un CV actualisé avec une liste de publications ;
- une lettre de motivation de deux pages qui propose des pistes de projet de recherches en lien avec la fiche de poste ;
- un texte académique et/ou projet de recherche jugé pertinent.
Les candidatures seront considérées comme complètes lorsque tous les éléments auront été reçus.