Santé et territoire(s)
À première vue, les choses sont simples. Comme l’affirme le Code de la santé publique, la politique de santé relève de la responsabilité de l’État, auquel il revient d’assurer sur l’ensemble du territoire national, d’une part, l’égalité dans l’accès aux soins et, d’autre part, l’égalité dans la distribution des soins. À mieux y regarder, comme l’a révélé la crise sanitaire, les rapports entre santé et territoire(s) sont plus complexes qu’il n’y paraît.
D’un côté, la santé, envisagée comme une politique publique, apparaît territorialisée, c’est-à-dire adaptée aux spécificités des territoires. Incarnée par les agences régionales de santé, cette territorialisation permet de corriger localement les inégalités dans l’accès aux soins et d’adapter les politiques publiques aux différences épidémiologiques entre les zones géographiques. De l’autre côté, les collectivités territoriales exercent des compétences intéressant la santé. Les maires, au titre de leur pouvoir de police, peuvent prendre sur le territoire de la commune des mesures ayant pour objet la protection de la salubrité publique. Les conseils départementaux sont en charge de l’autorisation et de la gestion de certains établissements et services sociaux et médico-sociaux. Les conseils régionaux peuvent mener des actions ayant pour objet la prévention de certaines maladies ou la résorption des disparités territoriales en matière d’accès aux soins. La manière dont les pouvoirs publics ont géré l’épidémie de Covid-19 a pu conduire certains à considérer qu’il fallait aller plus loin dans la différenciation territoriale en matière sanitaire et à réclamer davantage de décentralisation et de partage des responsabilités. D’autres soutiennent précisément l’inverse et en appellent à plus de centralisation au nom de la nécessaire cohérence de l’action publique sanitaire. Pourquoi pas. Encore faut-il, dans l’un et l’autre cas, prendre le temps de l’analyse. C’est précisément l’objet du présent ouvrage, qui rassemble des contributions dressant un bilan des relations entre santé et territoire(s), telles qu’elles ont pu être renouvelées par la crise sanitaire.